La plupart de mes patients semblent convaincus que leur alimentation peut-être qualifiée d’optimale s’ils évitent de manger du cholestérol. Celui-ci fait l’objet d’une diabolisation tous azimuts : croyance populaire, grands médias, diététiciens, nutritionnistes, médecins… tous sont persuadés de la nocivité de cette molécule omniprésente dans la chair animale.
Toute cette foutaise résulte d’une étude épidémiologique biaisée publiée en 1953 par le Dr Ancel KEYS, une étude connue sous le nom d’Etude des Sept Pays. Elle tendait à démontrer le lien direct entre la consommation de graisses saturées et la prévalence de la maladie coronarienne. En réalité, les statistiques disponibles à l’époque couvraient 22 pays et, si l’on refait aujourd’hui les calculs sur la base statistique d’alors, mais élargie, on aboutit à un résultat diamétralement opposé, c’est-à-dire qu’il n’existe pas de lien entre la consommation alimentaire de cholestérol et les pathologies cardiovasculaires des sujets.
Ceci dit, le but ici ne consiste pas à se livrer à une bataille d’études auxquelles on peut évidemment faire dire tout et son contraire. Non, il s’agit plus simplement de regarder les faits et d’évoquer un peu de physiologie. Il est clairement établi qu’un taux de cholestérol inférieur aux normes officielles est associé à une mortalité accrue, surtout consécutive aux suicides (système nerveux perturbé) et aux cancers (défenses immunitaires altérées). Je ne nie pas que certains risques augmentent avec un cholestérol excessif, mais les relations cholestérol / morbidité (maladie) et cholestérol / mortalité répondent des courbes en U, tout comme la quasi totalité des paramètres biologiques d’ailleurs. Il n’y a rien de vraiment révolutionnaire à affirmer qu’en biologie, la recherche d’un juste milieu constitue le Graal.
D’ailleurs, pour tous ceux qui restent convaincus de la dangerosité du cholestérol, comment expliquent-ils alors que les études épidémiologiques les plus récentes montrent clairement, chez les patients âgés d’au moins 80 ans, une meilleure espérance de vie chez ceux qui ont le cholestérol le plus élevé ? Dès lors, quand doit-on passer subitement du cholestérol le plus bas possible à son contraire : à 60 ans, à 65 ans, à 70 ans ou à 75 ans ?
Soyons raisonnables : il suffit d’examiner les nombreux rôles physiologiques assumés par le cholestérol. Sans lui en tant queprécurseur incontournable de toutes les hormones stéroïdes (ce n’est pas pour rien qu’on l’appelle un « stérol »), pas d’hormones sexuelles (œstradiol, progestérone, testostérone) etpas d’hormones surrénaliennes (glucocorticoïdes ou 17-hydroxystéroïdes, 17-cétostéroïdes, minéralocorticoïdes). Sans lui, pas d’acides biliaires et donc pas de sels biliaires pour émulsifier et donc pour digérer les graisses.
Sans lui, nous perdons un constituant fondamental du tissu cérébral : comme le dit le cardiologue français Michel de LORGERIL, « le cerveau adore le cholestérol » ! Les sujets souffrant d’un déficit en cholestérol, congénital ou non, développent des troubles cognitifs (mémoire et/ou intelligence diminuées). En conséquence, doit-on s’étonner de cet effet secondaire des statines, les médicaments hypocholestérolémiants très à la mode, consistant en des troubles de la mémoire parfois confondus avec un début d’Alzheimer ?
Sans lui, les membranes cellulaires perdent leur structure, à tel point qu’une consommation accrue d’acides gras oméga 3 fait baisser le cholestérol sanguin. Ce dernier doit alors être incorporé dans les membranes cellulaires pour leur donner davantage de consistance, en réponse à la plus grande flexibilité membranaire qu’apportent ces acides gras polyinsaturés.